Dimanche 20 septembre, dans les murs de Villefranche-de-Conflent, chargés d’histoire, c’est de patrimoine que nous avons parlé. Avec nos invités masqués(!) Michaël Pourchez – et Jérémy Tissier, depuis la salle – muraillers ; Jordi Mach chercheur en archéologie, animateur patrimoine et conteur bilingue, et Jérôme Durbet moniteur spéléo et président de l’Association culturelle de Villefranche.

Après un tour d’horizon du patrimoine villefranchois…

on écoute un extrait de Les feixes, des pierres pour retenir la terre

Extraits des discussions :

« Le bâtiment où nous nous trouvons était bouché, rempli de terre. Dans les années 70, mon père et une équipe de bénévoles de Villefranche l’ont dégagé et restauré, et en ont fait un lieu d’accueil pour les classes de patrimoine. » (Jérôme)

« Dans la topographie de Villefranche, nous sommes sur des flancs très abrupts, qui ont été investis par les muraillers, avec des cabanes et des feixes en pierres sèches. Il y a un grand contraste entre le patrimoine bâti qu’on peut trouver à Villefranche ici et celui, si on s’éloigne juste de 300 mètres et qu’on va dans la nature. » (Jérémy)

« L’autorité comtale et après, le roi, vont mettre en place une cité dans un carrefour de vallées, pour mettre en place de l’artisanat, une dynamique économique le long d’une voie qui est très ancienne, la voie conflentana et la voie céréténia qui monte en Cerdagne depuis le Roussillon. » (Jordi)

… nous évoquons la transmission du patrimoine matériel et immatériel…

on écoute un extrait de Babillages et souvenirs d’enfance

Extraits des discussions :

« Il y a toute une science qui ne peut pas s’enseigner à l’école. Les anciens, qui n’avaient pas de microscope avaient cette connaissance. Il y a toute un patrimoine immatériel qui est la connaissance d’un terrain, en fonction de la pluviométrie, de ce qu’on va y cultiver, d’où trouver les pierres bonnes. » (Jérémy)

« Pour le patrimoine immatériel, on peut citer la fête et la foire de la Saint Luc qui était une fête destinée aux bestiaux, pour les transhumances qui s’arrêtaient ici. » (Jérôme)

« Pour moi le patrimoine, plus qu’on objet matériel ou immatériel, c’est d’abord un discours. Qu’est-ce qu’on raconte sur les choses qu’on a envie de transmettre, pour que derrière, la personne fasse la démarche de s’approprier. S’il n’y a pas d’appropriation in fine, il n’y aura pas de transmission. » (Jordi)

… pour enfin ouvrir la réflexion sur le matrimoine, terme et notion méconnus

on écoute un extrait de La mine, à quel prix 

Extraits des discussions :

« Pour faire écho au matrimoine, on peut penser, de ce que j’ai pu entendre, que les femmes ont dû elles aussi être muraillères, c’est certain. » (Michaël)

« Moi je préfère la notion de mémoire, qu’on peut vouloir transmettre ou pas, mais en tout cas, on peut toujours aller la collecter. » (Jordi)

« En tant que conteur, la place de la féminité dans la culture orale, elle est assez présente en tant que encantadas, donas d’aigua, des fées, qui sont un peu des versions idéalisées de ce que pourrait être la place de la femme dans des sociétés où la femme était très contrainte à la maison et à l’intérieur. » (Jordi)

Table ronde organisée et animée par Ariane Demonget. Réalisation technique : Étienne Noiseau. Dans le cadre de « La Clé fait son festival », les Journées du Patrimoine, 18-19-20 septembre 2020 à Villefranche-de-Conflent.

Une émission dédiée à Dante Rovellini, doyen de Villefranche, et qui s’est éteint le jour de notre émission, à 103 ans : « Un homme courageux et un marcheur invétéré » (Jérôme). Voir le carnet de deuil de l’Indépendant.

 

Photo de Anne-Lise Floch.