L’association Beau bruit et son média participatif Résonances ont invité le documentariste sonore Mehdi Ahoudig le 8 avril 2025 à Prades. Une rencontre qui s’est penchée sur la particularité des « enquêtes sensibles » de l’auteur, mais aussi sur sa démarche sonore et sur son travail de collaboration entre le son et l’image à la recherche d’un langage singulier.
Grandi à Garges-lès-Gonesse, Mehdi Ahoudig vit aujourd’hui à Marseille. C’est un documentariste engagé dans ses sujets, qui l’amènent sur des terrains variés, aussi bien les cultures populaires du Nord que les travailleurs expatriés au Luxembourg, la toxicomanie à la campagne ou les petits retraités européens au Maroc. Depuis 2004, il a réalisé de nombreux documentaires audio pour ARTE Radio, dont il est devenu une « signature qui compte », et pour France Culture, ainsi que des bandes-son pour le spectacle vivant.
D’abord passé par une formation technique d’ingénieur du son, il a en effet évolué vers un travail d’auteur et de réalisateur sonore, qui a été récompensé deux fois par le Prix Europa en 2010 et 2015 (pour Qui a connu Lolita ? et Poudreuse dans la Meuse) et par le prix Grandes Ondes en 2016 (de nouveau pour Poudreuse dans la Meuse). C’est aussi un réalisateur qui expérimente des formes originales d’écriture entre l’image et le son, notamment en collaboration avec le photojournaliste Samuel Bollendorff. Un travail reconnu, puisque leur webdocumentaire À l’abri de rien a reçu le Prix Europa en 2011 et leur fable documentaire La Parade a reçu une étoile de la Scam et une mention spéciale du prix de l’œuvre audiovisuelle en 2018.
Enfin, Mehdi Ahoudig a sauté le pas du documentaire audiovisuel en solo en 2020 avec Une caravane en hiver, qui a reçu le prix de la diffusion RAI au Primed. Sa dernière réalisation, en 2025, est un podcast de comédie documentaire sur ARTE Radio, Kashalal : la convergence des cultes, en collaboration avec Thomas Pendzel.
Auprès du public (dont de nombreux élèves du lycée) venu l’écouter à Prades, il a évoqué sa démarche sonore et documentaire, son approche de l’enquête, mais aussi les avantages et les difficultés du travail collaboratif, la spécificité des langages sonore et visuel et la manière dont ils peuvent se compléter.
Réécoutez l’intégralité de cette rencontre, en 3 parties :
La première partie de la rencontre commence par un aperçu du parcours de Mehdi Ahoudig puis s’attarde d’abord sur sa découverte du son et sur sa démarche sonore, notamment marquée par sa rencontre avec l’autrice sonore Kaye Mortley et guidée par l’idée d’expérimentation. Elle finit par des échanges avec le public après l’écoute d’une carte postale sonore, Paris sur Seine, réalisée avec ARTE Radio pour la radio japonaise NHK en 2013.
La deuxième partie de la rencontre évoque la démarche documentaire de Mehdi Ahoudig, qu’il qualifie d’ « enquête sensible ». Que ces enquêtes partent d’un fait divers comme dans Qui a connu Lolita ?, d’un constat de santé publique comme dans Poudreuse dans la Meuse, d’un fait d’actualité comme dans Ifni, la révolte ou du traitement controversé d’une figure locale marginale comme dans Le Diogène des Baronnies, elles vont aussi nous faire entendre en creux d’autres choses : un quartier, une ville, un rapport à l’autre… Une démarche qu’il a pu développer en même temps que les débuts d’ARTE Radio et qu’il a nourrie en commençant par des sujets proches de lui, d’où il a pu faire émerger des paroles neuves, peu entendues.
Mehdi Ahoudig évoque aussi les difficultés de ces enquêtes, qui traitent souvent des sujets durs et dont les terrains sont difficiles d’accès. Cette deuxième partie est illustrée par un extrait du documentaire sonore Poudreuse dans la Meuse, sorti en 2014 sur ARTE Radio, et finit également par des échanges avec le public.
La troisième partie de la rencontre, enfin, traite de la question de la collaboration. Ce que change le travail à plusieurs lors des différentes étapes de production d’une œuvre sonore, lors du travail de terrain, de la prise de son, du montage… Mehdi Ahoudig évoque notamment l’importance d’un regard extérieur au montage, notamment pour traiter des moments forts et difficiles, ainsi que la responsabilité dont il se sent investi, notamment parce qu’il permet de se faire rencontrer des mondes qui ne sont pas censés se rencontrer. En réponse à une question du public, le documentariste explique également comment le réel a besoin d’être mis en récit. Un extrait du portrait/enquête sonore Wilfried – Un crime en banlieue, réalisé avec Isabelle Coutant et sorti en 2018 sur ARTE Radio vient illustrer cette première évocation du travail de collaboration.
Pour finir, cette partie traite d’une des spécificités de Mehdi Ahoudig : le travail entre son et image fixe. L’auteur évoque notamment sa collaboration avec le photographe Samuel Bollendorff. Il explique comment ils ont chacun travaillé avec ce qui peut « manquer » dans leurs moyens d’expression respectifs et comment ils ont créé un argument narratif qui est l’association des deux. Pour illustrer ce travail, un extrait de La Parade a été projeté, puis la rencontre s’est terminée par des échanges avec le public.
L’après-midi, Mehdi Ahoudig a animé un atelier « Image et son sous influence » à l’attention des adhérent·es de notre association. En soirée, son premier film documentaire Une caravane en hiver a été projeté au Cinéma Le Lido, avec en première partie un documentaire image et son de Beau bruit : Expériences municipales, l’engagement du quotidien. Le lendemain, Mehdi Ahoudig a rencontré les élèves de l’atelier Sciences-Politiques du lycée Charles Renouvier de Prades. Un grand merci à lui pour sa générosité et son engagement !
Présentation et animation de la rencontre : Hélène Lompech. Enregistrement : Étienne Noiseau. Cet événement a été rendu possible grâce au soutien financier du Ministère de la Culture (dispositif Journalistes en résidence) et du Département des Pyrénées-Orientales. Merci à la Mairie de Prades, au cinéma Le Lido, et aux Ciné-rencontres pour leur soutien technique.
Comments by Résonances
A. 26 ans, du Sénégal
Exact ! C'est remis en place, désolée : )
Solidarité avec SOS Méditerranée – écoutez la webradio
Bonjour, Merci de votre message. La table ronde est à ...